14.2.05

Ma grand-mère, le pronom et le cadre, un peu.


fond (de rue) provisoire, transitoire, d'urgence.

Le cantonnier avait oublié son bleu.


La balade. De Shirokane-Takanawa à Ebisu. J'ai mangé chez Haricot, avec quatre dames amies. Des dames, qui ont fait l'effort de parler beaucoup en français, même entre elles. J'y fus sensible. Qui se réunissent une fois par mois avec d'autres dames pour parler en français et deviser sur des romans français. Ce mois-ci, c'est un livre de Françoise Chandernagor.


Haricot m'a montré le livre qu'elle a écrit, qui raconte sa vie.
Dedans, deux photographies de ma grand-mère-de-Paris. L'une où elle affiche un grand sourire un peu triste, l'autre où elle est assise, semble-t-il à la japonaise, à la table d'un restaurant japonais de Paris. Une troisième photographie de l'immeuble de la Porte de Champerret.

Etrange impression. Je suis à Tokyo, et voilà que ma grand-mère-de-Paris me regarde, du fond d'une image.
Grand élan d'affection pour cette femme que j'ai finalement peu connue.


La journée de dimanche, terminée par une défaillance du câble réseau de l'hôtel, m'empêchant d'alimenter le blogue de moi, fut éprouvante. Après avoir joué, en matinée, mon partenaire Takashi m'a invité manger avec deux amies. Dans un restaurant italien d'Omote-sando.
Et à minuit, après quelques heures d'organisation de l'ivresse, l'immanquable : Angleterre/France.

La France a gagné. Dans ma joie du rugby, il y a ce cliché de l'inimitié avec les Anglais. Battre les Anglais. Mais après tout, si un cliché est devenu cliché, c'est parce qu'il a du vrai. De l'existant quoi. Sinon, ce ne serait pas un cliché.


Mouais.


Toujours résister à utiliser le "ILS". Il y a cette tendance à parler d'"EUX", en l'occurrence LES JAPONAIS. Parfois, tu peux me permettre ce ILS, mais le plus souvent, c'est absolument impropre. Et injuste.
De toute façon, il y a un livre à écrire sur les pronoms personnels en français.
Le JE, son affirmation ou sa dilution dans le groupe.
Le TU, la subtilité du tutoiement, l'espace fragile du passage du vouvoiement au tutoiement.
Le IL, parfois personnel, parfois impersonnel : IL PLEUT (qui ça ?)
L'ELLE, palindrome joli à entendre, non ?
L'ON, rejeton direct de homo en latin, l'Homme, probablement le plus utilisé de tous en vrai.
Le NOUS, sa puissance, sa faiblesse...
Le VOUS, accusateur et/ou excluant, limitant
Le ILS, affirmant (trop ?) la différence, la frontière
L'ELLES, dépalindromisé par un S final, "Ah, les femmes..."

Et le CA (pas de C cédille majuscule sur blogspot, et pourtant), qui n'est certes pas un pronom personnel, mais extrêmement utile pour exprimer des tas de trucs

Une histoire de cadre, quoi.

Dans l'artisanat de l'encadrement, il y a le passe-partout.
Le passe-partout est entre l'oeuvre et la cadre, "entre le cadre, en sa bordure interne proprement dite, et la bordure externe de ce qu'il donne à voir, laisse ou fait paraître en son cerne vide : l'image, le tableau, la figure, la forme, le système de traits et de couleurs." Un sous-cadre, présentant une épaisseur, "une surface dite vierge, généralement découpée dans un carré de carton et ouverte en son "milieu" pour y laisser paraître l'oeuvre".

Quoi encadre quoi ?

Un mot, par exemple, est un cadre. Un passe-partout.

Dernière semaine à Tokyo.


ps : "Les bords internes d'un passe-partout sont souvent biseautés."
Les citations sont extraites de La vérité en peinture, de Jacques Derrida. Qui est mort maintenant.






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