1.3.05
En voilà, du vrac, en voilà.
la loge, deuxième essai.
C'est une loge japonaise, tu es assis parterre, tes jambes tu les mets comme tu peux, soit croisées, soit étendues devant, soit à croupetons, soit quoi encore.
Alors là, c'est un vrac de trucs notés :
- Bu un excellent calva dans un whisky-bar à Asahi-cho, dans le nord du Hokkaido.
- Dans la même ville, le dessin animé de Mizuyaki est très joli. En japonais. Je l'ai vu avec Chu, celui qui joue Kazbeki. Chu m'a parlé longuement de Kurozawa, avec lequel il a travaillé à quatre reprises. La principale rencontre de sa vie de acteur.
- Le 25 février 2005, 20h à Asahi-kawa, 11h à Ouagadougou. L'entracte ici, une demi-heure avant de jouer là-bas.
- Chambre 646, hôtel de luxe à Furano. Vue sur la plaine enneigée. Entre un et trois mètres de neige dans tout le Hokkaido. Furano est une putain de station de ski. Grand soleil, suivi de la tempête. De neige. Baie vitrée. Un délire.
- Le zoo d'Asahi-kawa est semble-t-il le plus réputé du Japon. Triste comme un zoo. La girafe est morte. Le rhino s'emmerde. L'ours blanc a tourné fou. Mais les pingouins se promènent.
- Je suis dans le Hokkaido. Le Hokkaido est japonais depuis un siècle genre. Les hokkaidois ce sont les Aïnus. D'après Chu, réputés pour leur gentillesse et leur affabilité. Dans le Hokkaido, il neige 6 mois sur 12. C'est le cas là. Il fait froid grave. Entre - 5° et -15°, selon les jours et les endroits.
- Quitter Tokyo pour le Hokkaido, c'est un deuxième voyage. Voyage dans le voyage. Abîme de voyage. Quand je quittai Tokyo, j'eus la sensation de terminer mon séjour au Japon. Deux mois. Et je me retrouve dans cet autre endroit, le Hokkaido. Tokyo devient le passe-partout.
- Le théâtre de Furano. Construit là, au sommet de cette petite montagne. Objet moderne. Il a cinq ans. Si j'ai bien compris les réponses à mes questions, si elles ont bien été comprises, théâtre construit sur fonds propres, avec subventionnement à l'entretien des bâtiments, de la ville. Le reste, sur billetterie. Beaucoup de bénévolat. Activité importante dans le coin, beaucoup de public.
- J'ai vu Blandine à la télévision. Sous-titres en japonais, de fait. "Pour jouer au clavecin, il ne faut pas avoir envie de ne jouer que du clavecin". "J'aime le paradoxe du clavecin". Je comprends ça. C'est bien les paradoxes. C'est rigolo, car quand je pense au mot "paradoxe", je pense à mon père. Oulà.
- Je vais être le parrain de Lise.
- Deux skieurs qui passent en bas.
- Jolie promenade dans la neige. J'ai appris à Takako et à Naouko "1 kilomètre à pied, ça use, ça use, 1 kilomètre à pied, ça use les souliers".
- Takako est la fille d'un immense acteur de kabuki, Naouko est la fille d'un boucher.
- J'ai appris "Harukoo, harukoo, watashino genki". Traduction de moi : "ça marche, ça marche, je vais bien". Une comptine pour marcher quoi.
- Pendant ce temps rue d'Eupatoria
- Je crois que je n'ai jamais vu autant de neige moi.
- Takako assure grave.
- Parfois, par secondes, forcément, l'idée passe. M'installer au Japon, vivre là, plonger. Elle passe.
- YUKINO SENSOO : la guerre de la neige. Bien des batailles.
- Mon dernier jour à Tokyo. Marché. Vu Sublime. Marché. Palais de l'Empereur.
- Moi, dans l'hôtel de Furano, j'ai pris l'ascenseur avec la fille d'Akihito, l'Empereur du Japon. Nous étions dans le même ascenseur, quoi.
- "Guillaume, do you like TOUROUFOU ?"
- "Guillaume, do you know ARULU ?"
- C'est-à-dire que TOUROUFOU, c'est les TRUFFES. Et ARULU, c'est ARLES. La ville. Alors "une truffe à Arles", ça se dit en japonais : "Touroufou aruluni".
- Passer une fin de soirée avec huit japonais un peu pétés, qui causent de tout, comme on le ferait. Et régulièrement, l'un ou l'une me tient au courant de ce qui vient de se dire. Les écarts entre les différents thèmes sont extraordinaires.
- En japonais, l'expression idiomatique KUUKYO YOMU : littéralement "lire l'air". Signifie "sentir l'ambiance". Alors je trouve ça très joli, de lire l'air. Lire dans l'air.
- Chu me dit que les Japonais mettent beaucoup de temps à devenir adultes.
- La Seconde guerre a totalement bouleversé la japonitude, comme dit l'autre.
- En parlant d'un acteur, Chu, pour exprimer "l'imagination", passe ses deux mains devant sa poitrine et son bidon, paumes vers le corps. Alors bon, nous autres, c'est plutôt autour de la tête quoi. Cerveau.
- 20 000 lieues sous les mers est un bouquin extra-ordinaire. Ce Verne Jules était totalement givré. Génial.
- Quand on mange, ici, en vrai le regard est sur la nourriture. Ils plongent littéralement le regard dans le bol de riz, de soupe, de soba, tout ça.
- Pendant ce temps, à Ouagadougou, deux morts lors de l'ouverture du Festival de cinéma. Par piétinement. Le feu d'artifice a bien eu lieu.
- Juni, le fils de Kishida, m'a dessiné. Je suis sur des skis. J'ai un pantalon colorié en bleu. J'ai des cheveux jaunes.
- Je demande naïvement à Ryoko comment on trace le kanji "DON", qui indique la présence de riz sous une garniture. Il ressemble à un dièse, avec une virgule emprisonnée dedans. Trois jours plus tard, on en parle encore, personne ne sait avec asurance si la virgule se trace en dernier ou pas. Il faut demander aux plus âgés. Les plus jeunes ont un rapport difficile aux kanji. L'ordinateur simplifie la donne.
- Remarque, c'est pareil en français. Les lignes de calligraphie tout ça.